Alain Clot : «La fintech, secteur d’excellence française»

Avr 29, 2019 | Parutions

Interview d’Alain Clot par Scribeo pour Le Point – dossier Boom des Fintech

Les fintech connaissent une forte croissance. La France s’appuie sur ses atouts pour faire émerger ses champions. Explications avec le président de France FinTech, Alain Clot.

SCRIBEO. – Comment définiriez-vous la fintech ?

Alain CLOT. – Il s’agit des entreprises innovantes du secteur financier, touchant aux services bancaires, d’assurance et de gestion d’actif. Mais la définition peut varier d’un pays à l’autre. Le terme est ancien, mais le phénomène est réellement apparu il y a une dizaine d’années, avec une nette accélération vers 2004-2005. 

De l’essor des banques en ligne au besoin de mobilité que l’on connaît aujourd’hui. La première vague de fintech a concerné essentiellement les particuliers, avec des offres de service spécifiques, tels que le paiement mobile ou le financement participatif.

Au delà des usages simples, elles proposent une offre élargie de services, s’appuyant sur une composante technologique plus significative (Intelligence Artificielle, BlockChain, Internet des Objet). Nous assistons à une forme de libération de la donnée qui permet de créer toutes sortes de nouveaux services.

Quelles sont les particularités de la France ?

Les banques en ligne de première génération, porteuses d’une réelle rupture, se sont développées très tôt en France, dès la fin des années 90.

Une quinzaine d’années plus tard est apparue une nouvelle génération de services financiers innovants, adaptés aux nouveaux usages, permis par les technologies de la mobilité et des données. Des changements rapides qui ont poussé le régulateur à s’adapter et à se montrer plus favorable à l’innovation.

La France peut, dans ce domaine, s‘appuyer  sur un gisement exceptionnel de compétences dans les deux domaines pertinents, finance et sciences cognitives, ainsi que sur la présence de grands leaders de l’industrie financière. C’est en France que l’on trouve, en Europe, le plus d’incubateurs et de laboratoires d’intelligence artificielle.

Les régulateurs et le cadre légal ont une forte importance. Comment cela se traduit-il ?

La finance, c’est du service plus de la réglementation. Les régulateurs ont pour mission la stabilité des établissements financiers et la protection des consommateurs. D’un pays à l’autre cela peut s’appliquer différemment, avec traditionnellement une posture plus souple dans les pays anglo-saxons.

En France, nous avions une vision assez juridique et plus protectrice par rapport aux consommateurs mais moins favorable à l’émergence de nouveaux produits. Cela a évolué avec le développement d’équipes dédiées à la fintech chez l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) et l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) et d’une pratique d’échanges en continu avec les entrepreneurs, dès les premiers développements, ce qui évite le risque d’être confronté à un refus d’agrément à la fin de ceux-ci. Désormais, l’essentiel des règlements s’appliquant aux services financiers est d’origine européenne.

Comment ces changements sont-ils perçus par la population ?

La demande client progresse. En particulier chez les moins de 35 ans, très familiers de services numériques, mais pas seulement. Déjà 15% des français recourent aux services des fintechs. Les services les plus utilisés sont les applications de paiement, de transfert et les cagnottes, les comparateurs de prix et de services, le financement participatif.

Quels sont les chiffres clés du secteur ?

La France compte environ 500 fintech, le secteur employant déjà 10 000 personnes. 368 millions d’euros ont été levés par nos start-ups en 2018, soit une hausse de 15 % par rapport à 2017. La France est bien représentée dans les divers classements, avec trois  fintechs dans le top 100 de KPMG : October,  +Simple.fr et Shift Technology. La liste de nos champions comprend également United Credit, Lydia, Ledger ou encore Alan. Nos fintechs sont résolument tournées vers l‘international, plus de la moitié d’entre elles exerçant déjà hors de France et 70% visent une implantation étrangère à horizon 2019.

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