Depuis janvier 2020, les fintech françaises ont levé 612,2 millions d’euros

Oct 2, 2020 | Parutions

La cinquième édition de Fintech Revolution, organisée par l’association France Fintech, aura lieu le 15 octobre à Station F, en partenariat avec le JDN.

Vous avez décidé de maintenir FinTech R:Evolution en présentiel alors que la plupart des événements professionnels sont passés en mode virtuel. Pourquoi ?
Alain Clot. Le bureau s’est réuni à plusieurs reprises pour décider si on le faisait en virtuel ou en physique, ou un mélange des deux. Il y a eu une forte demande de l’écosystème, de nos membres et partenaires de se réunir. Aucun partenaire ne s’est retiré, nous avons même eu de nouvelles demandes (l’événement était prévu en avril dernier, ndlr) comme celle de la Banque de France. Evidemment, quand nous avons décidé de le maintenir, nous avons divisé la jauge par deux (environ 700 personnes, ndlr) et avons pris des mesures de distanciation sociale et de sécurité. Nous avons aussi décidé d’attribuer 15% des places aux étudiants et enseignants avec des tarifs réduits afin de favoriser la diversité de l’audience.

Pour cette 5ème édition, vous avez choisi le thème Beyon Frontiers. Que se cache-t-il derrière ?
Il y a plusieurs axes derrière le mot frontière. Le premier est évidemment l’international. Le passeport européen stimule énormément l’internationalisation des modèles puisque cela permet de ne pas redémarrer de zéro. Contrairement à ce qu’on pense souvent, les services financiers n’étaient pas internationaux jusqu’ici en raison notamment de la fiscalité et des habitudes locales. Mais le numérique a créé des usages qui sont plus ou moins les mêmes partout que ce soit dans le paiement, la finance participative ou encore le conseil en investissement. L’autre frontière, qui devient de plus en plus poreuse, est celle des métiers financiers. Les PME se financent de plus en plus avec des techniques de marché réservées traditionnellement à la BFI (banque de financement et d’investissement, ndlr), les métiers bancaires se rapprochent des métiers de l’assurance et vice-versa, les opérateurs télécoms et la grande distribution deviennent banquiers…
La troisième frontière que nous avons identifiée est technologique. On voit arriver les sciences neurocognitives et comportementales dans les services financiers. Enfin, il y a la frontière des compétences. On voit dans les fintech, qui emploient environ 30 000 personnes en France, tout un bataillon de talents qui viennent des acteurs traditionnels, de la tech, de la réglementation… Evidemment, il y a encore beaucoup de progrès à faire dans la composition des équipes de direction des start-up, surtout en termes de mixité. Il y a seulement 10% de fondatrices de fintech en France.

Quels autres thèmes seront abordés lors de l’événement ?
Nous allons traiter de thèmes sociétaux qui nous sont chers comme l’impact, la mixité et la finance verte. Comme nous aimons traditionnellement mettre des contrepoints à Fintech Revolution, nous allons aussi traiter les phénomènes de bulle, qu’elle soit financière ou d’usage. Nous allons convier le journaliste Michel Turin qui a écrit un livre corrosif sur les start-up dans lequel il raconte ce qu’il pense de l’inflation du jargon de la tech, des effets de mode, afin de nous faire réfléchir. Nous allons nous demander s’il est possible de fabriquer un géant mondial depuis la France, nous réfléchirons à la place de l’Europe dans la bataille US-Chine, nous actualiserons notre lecture de la relation entre groupes et start-up. D’autres thèmes seront évoqués comme le frugalisme, la retraite, la 5G, le calcul quantique, le nouveau crédit, l’assurance, les nouvelles attentes des consommateurs. Bien sûr, nous parlerons de la crise et de ses conséquences, sans langue de bois.

Justement, quel a été l’impact de la crise sur la fintech française ?
Il y a d’abord eu un effet de sidération comme dans tous secteurs, suivi d’une série de mesures comme l’abaissement des charges, la réduction des surfaces, le report des charges ou encore des discussions de financement interrompues. A ce jour, il n’y pas eu de défaillance de fintech à notre connaissance. Cela ne veut pas dire qu’il n’y en aura pas. Les opérations de levées ont repris assez rapidement. Ce mois-ci, les fintech françaises ont levé 48,4 millions d’euros en 11 opérations, soit une moyenne de 4,4 millions euros par opération. Il y a encore beaucoup de discussions en cours. Depuis janvier 2020, les fintech ont levé 612,2 millions d’euros. A titre de comparaison, en 2019, 699 millions d’euros ont été levés au total. Ce qui veut dire que les fintech ont déjà atteint 88% du montant de l’année dernière malgré le trou d’avril, mai et juin. Le ticket moyen est supérieur à 13 millions d’euros, soit 20% de plus que l’année dernière. Le millésime 2020 est plutôt prometteur même s’il faut être extrêmement prudent puisque la crise va durer plusieurs années.

Êtes-vous confiant pour les années à venir ?
Cette crise a permis d’accélérer le développement économique de la fintech en France. Les consommateurs ont plus recours aux services financiers à distance, tout comme les TPE et PME. On assiste au développement des métiers autour de l’asset management, de la gestion privée, tout ce qui a attrait à la règlementation, la lutte anti-blanchiment, le KYC (know your customer, processus d’identification d’un client, ndlr). Les acteurs internationaux s’intéressent de plus en plus au marché français et la proportion de nos membres impliqués dans plusieurs pays est devenus plus importante. Sans compter qu’une douzaine d’acteurs sont en train de devenir des graines de licorne !

SOURCE > Journal Du Net

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