Fintech et grands groupes : privilégions l’écosystème, chacun y gagnera !

Oct 8, 2020 | Actualité, Tribunes

Pour réussir leurs partenariats avec les fintech, quelle que soit la nature de la relation, les acteurs bancaires ont transformé leur approche et structuré leur organisation en distinguant le M&A et le corporate venture.

Malgré un contexte tumultueux, près de 455 millions d’euros ont été levés par les fintech françaises au 1er semestre 2020. Si nous sommes encore loin des montants affichés outre-Atlantique ou en Asie dans le secteur financier, la France commence à jouer un rôle significatif à son échelle.

Tour à tour considérées comme des trublions à court terme ou des ennemis à étouffer, les fintech voient désormais s’entrouvrir les portes des grands groupes ! Depuis le début de l’année, près de 700 partenariats ont été conclus au sein de l’écosystème entre les acteurs historiques et les nouveaux entrants… Signe d’une nouvelle tendance ? Comment sommes-nous passés de l’ère de la défiance absolue à l’entente cordiale ? Et comment atteindre un nouveau palier de croissance pour le secteur financier ?

Naissance d’une start-up nation

Ce qui a changé ? Avec la pratique et l’expérience, après avoir largement souffert, chaque maillon de la chaîne a trouvé sa place, pour donner naissance à une véritable start-up nation. Les business angels et les fonds early-stage participent à l’émergence de nouveaux acteurs en sélectionnant des propositions de valeur pertinentes et des équipes capables de se focaliser pleinement jusqu’à atteindre un « market fit », une désirabilité forte avec son marché cible.

Les accélérateurs français n’ont désormais plus rien à envier à ceux du Nord de l’Amérique en termes d’attractivité et d’agrégats de compétences et contribuent à couver les meilleures initiatives jusqu’à leur envol. Les premiers fondateurs à succès réinvestissent dans leur écosystème d’origine et partagent leur expérience.

Pour soutenir la croissance de ces champions français, acteurs publics et privés du financement se sont coordonnés de manière pertinente. Le rôle de la BPI est ici à souligner.

Les expertises techniques les plus pointues issues de nos universités, prisées depuis des décennies outre Atlantique, intègrent désormais naturellement les jeunes pousses françaises et constituent un vivier essentiel à leur réussite.

L’écosystème français a atteint un niveau de maturité qui permet aux acteurs clés du territoire de se mobiliser pour apporter le financement ad hoc et permettre le passage à l’échelle de ces initiatives, y compris les grandes entreprises françaises, notamment bancaires.

Des banques qui retrouvent leur esprit pionnier

Cependant, le sujet des relations entre banques « historiques » et les fintech reste complexe. Le 30 juin dernier, Maddyness titrait « Shine passe sous la coupe de Société Générale pour enrichir son offre ». Et la nouvelle a fait couler beaucoup d’encre au sein du monde des startups. Certains ont considéré ce rachat comme une grande réussite, d’autres, comme une cession trop rapide, d’autres enfin, comme le reflet de notre incapacité à créer le prochain Google. Difficile pourtant de se prononcer sans connaître le dessous des cartes.

D’un côté, la motivation, l’ambition et la résilience des fondateurs et de leurs équipes ont permis de générer suffisamment de valeur aux yeux d’un acheteur et c’est donc une réussite incontestable. Ils font désormais face à un défi, non moins complexe, qui consistera à continuer leur développement dans un nouvel environnement, et qui, parce que les règles sont différentes, pourrait ne pas leurs laisser toute l’autonomie nécessaire, comme on l’a parfois vu.

D’un autre côté, les grands groupes bancaires, souvent critiqués, s’attachent désormais à jouer leur rôle en toute bienveillance. Ils ont pris conscience de l’intérêt de créer les conditions d’une cohabitation pérenne. Ils veillent désormais à collaborer plus efficacement, dans un esprit gagnant-gagnant.

Pour réussir les partenariats avec les fintech, quelle que soit la nature de la relation, les principaux acteurs historiques du marché financier ont transformé leur approche, modifié leur état d’esprit. Ils ont structuré leur organisation en distinguant le M&A et le corporate venture et en y associant des équipes et des profils spécifiques. Ils ont recruté d’anciens entrepreneurs pour parler le même langage. Ils ont aussi créé des processus spécifiques afin de faciliter la collaboration avec l’écosystème des fintech. Leur gouvernance, enfin, permet désormais une prise de décision rapide et des conditions financières respectables pour les jeunes pousses qui frappent à leur porte. Ils sont finalement revenus à leur raison d’être, à l’esprit pionnier qui a justifié leur existence et leur croissance au travers des époques. Ils participent désormais pleinement à la croissance de l’écosystème.

L’open banking, l’avenir de la fintech ?

Ce retour à l’esprit pionnier ne s’est pas fait sans douleur. Secoués par les crises successives de ce 21ème siècle, les acteurs historiques du secteur bancaire, ont été « attaqués » sans relâche par les nouveaux entrants : sur leur modèle économique, sur l’expérience client, sur la digitalisation, sur les outils d’investissements, l’accès au trading, la gestion du risque de change ou encore leur infrastructure opérationnelle. Ils ont dû se challenger… en oubliant parfois de se recentrer sur leurs atouts. Car les banques et assureurs abritent des actifs latents qu’aucune fintech ne peut s’offrir ! Des actifs qui peuvent devenir les instruments clés d’une coopération efficace.

L’infrastructure historique quand bien même est-elle parfois perçue comme vétuste d’un point de vue interne, reste un actif essentiel. L’Infrastructure As A Service (IaaS) est une carte à jouer pour ces acteurs. L’occasion à la fois de se moderniser et d’attirer les meilleurs partenaires. L’initiative de la Standard Chartered en Asie est intéressante à ce titre car elle permet aux fintech de la région de s’appuyer sur les actifs de la banque de manière pérenne, sécurisée et performante. En outre, l’IaaS leur offre également d’imaginer pour leur propre compte les produits ou services qu’ils pourraient développer par eux-mêmes en fonction de leurs priorités stratégiques.

Par ces investissements, qu’ils sont les seuls à pouvoir réaliser (Gafam mis de côté), les acteurs historiques du secteur financier peuvent créer un avantage comparatif pour les prochaines décennies. Engendrer la croissance de l’écosystème, en facilitant l’accès à leurs systèmes et leur infrastructure, favorisera l’émergence de nouveaux acteurs. Avec un modèle économique adapté, les infrastructures ainsi mises à disposition, ne seront plus des centres de coûts pour les banques mais bien des centres de profits.

Conclusion

Au-delà du simple « Make or Buy » historique, les banques et les assureurs ont appris à tisser des partenariats de confiance, à co-construire des solutions pertinentes dans des délais toujours plus courts participant au renouveau du secteur. Les 700 partenariats conclus depuis le début de l’année au sein de l’écosystème sont la meilleure preuve que les banques « historiques » sont désormais en ordre de marche.

L’open banking est une voie à explorer. Chaque acteur pourra y jouer sa propre carte. Il s’agit, à n’en pas douter, d’un vecteur de croissance pérenne de l’écosystème FinTech, bien qu’il faille néanmoins du temps pour en mesurer les résultats.

SOURCE > Le Journal Du Net 

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